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Les Amis de Morvarc'h
28 mars 2021

# Une histoire à dormir debout par Stéphane Le Borgne.

# Une histoire à dormir debout.

J’ai eu la chance, en 26 ans, de passer plus de 100 jours sur le Morvarc’h et ce dans toutes les positions : à la barre (fier comme un roi d’Espagne !) ; allongé sur le pont pour une sieste ou un bain de soleil ; à genou, pour border ou choquer le foc ou la trinquette ; accroché à un bout à essayer de faire du barefoot ; allongé à l’horizontal pour dormir (quoi de plus normal me direz-vous) mais aussi allongé debout à essayer de dormir sur ma couchette. Là c’est un peu moins normal ! et ce encore plus en sachant que c’était au port et sans un pet de vent !

Tout ceci se passe à Landerneau, dans ce très beau Finistère Nord, dans la nuit du 14 au 15 juillet 2007 , lors d’une fête des bateaux mémorable : déjà grâce à une très belle remontée de l’Elorn, toutes voiles dehors (comme à l’habitude pour le Morvarc’h) mais aussi et surtout à cause d’une nuit qui aurait pu tourner au tragique.

En effet, des korrigans malicieux nous ont joué un sacré tour ce jour-là.

Après de superbes manœuvres, Capitaine Jean et son équipage amarrent le bateau au quai. Comme à son habitude, Jean, calcule les bonnes longueurs de bout pour qu’à marée basse (et oui, nous ne sommes pas en Méditerranée), le bateau ne se retrouve pas en lévitation. Sur ce, nous partons à terre, boire quelques gorgées de bière bienvenue. Les heures passent, la marée descend… tout est normal. Un coup d’œil au bateau, tout va bien !

Subitement, un orage pointe le bout de son nez et des mètres cubes de pluie se déversent (encore plus étrange dans le Finistère Nord ! mais là n’est pas le sujet). Bien à l’abri sur les quais, il en fallait plus pour nous décourager et nous détourner du repas qui nous attendait. Toutefois par prudence, l’un de nous jeta un œil au bateau ! Misère, il était en train de boire la tasse (d’eau douce). Fichtre, comme était-ce possible ?

Et bien, le Morvarc’h était amarré juste sous une bouche d’égout qui vomissait des mètres cube et des mètres cube d’eau de pluie charriée sur le bassin versant. Et nous n’avions pas vu cette bouche d’égout, étant donné qu’à marée haute, elle était sous les flots.

Après avoir, rapidement bricolé de quoi détourner le flot d’eau qui ne tarissait pas, des hublots dans lesquels il se déversait, nous étions un peu rassurés. Quoique…

Le débit extrêmement important exerçait une pression forte sur le bateau qui avait tendance à pencher dangereusement vers l’avant et à s’enfoncer dans la vase (oui, il y a de la vase dans l’Elorn). Une inquiétude sournoise nous taraudait, le bateau allait-il rester scotché dans la vase lorsque la marée remonterait, avec pour conséquence d’être englouti sous les flots ?

L’heure tournant, la fatigue aidant, nous rejoignons nos couchages pour essayer de fermer l’œil. Sans grand succès… penché à 45 degrés vers l’avant, impossible de ne pas glisser ! Et cette marée qui n’en finissait pas de ne pas remonter. Nous guettions tous, le cliquetis de l’eau, annonciateur d’une possible flottaison à l’horizontal du Morvarc’h.

Enfin, vers 2 heures du matin, la délivrance ! Tout rentrait dans l’ordre, le bateau reprenant son inclinaison normale.

L’équipage s’endormait enfin. Ou croyait s’endormir pour de longues heures…

En effet, dans mon sommeil, il me semblait entendre, les cris étouffés d’une personne qui se débattait dans l’eau. Sans doute mon inconscient qui classait les souvenirs de cette soirée mouvementée. Mais je percevais aussi du bruit dans le bateau. Je n’étais pas le seul à entendre ces cris. Tels des bombes, nous quittions nos couchages et nous retrouvions en caleçons sur le pont, dans la nuit froide, à scruter l’eau pour chercher un pauvre malheureux qui se noyait sous nos yeux ! Avec difficulté nous parvenons à hisser à bord l’énergumène aviné... qui était en pleine hypothermie. En parallèle, les secours étaient appelés pour venir à la rescousse !

Fatigués mais satisfaits d’avoir pu venir en aide, nous pouvions enfin nous endormir pour quelques heures.

Stéphane Le Borgne, dit la Bernique !

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Commentaires
K
cette histoire voudrait-elle nous suggérer de naviguer en Méditerranée... là où il n'y a pas de marée? Une mer à essayer pour Morvarc'h, après la mer antillaise qu'il a bien connue! Très bientôt dès qu'il sera remis "sur pied"!
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Les Amis de Morvarc'h
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