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Les Amis de Morvarc'h
18 janvier 2021

News des amis de Morvarc'h du 18 Janvier 2021 : L'enfance de l'art ou la chance ? (ou l'histoire d'une plongée mal engagée...)

Savez-vous vous projeter ?

Vous projeter sur un espoir... Un espoir qui, sortant des brumes d'un rêve, telle une côte espérée après la solitude d'une longue traversée, vous enivre et vous effraie à la fois... et si nous étions déçus ?

C'est ainsi que débuta avec Ségalen notre volonté d'organiser la recherche du fletner, partie non négligeable du gouvernail, perdu lors de la tempête. Il nous fallait cet espoir!

Plongeurs depuis de nombreuses années, nous avions eu l'occasion à plusieurs reprises d'explorer les abords du port de Camaret. Mais là, nous sortions de notre habituel champ de langoureuses laminaires où déambule la placide faune aquatique. Nous irions explorer les abords immédiats de la jetée, côté port de pêche, et de la zone de mouillage. Il faut imaginer un terrain de football jonché des cadavres des invendus de la pêche... tout cela sous le regard perplexe des goélands et autres charognards des mers.

Notre prospection ne s'annonçait guère aisée. Malgré de nombreuses images, la zone et les circonstances de la perte du fletner restaient obscures...

Étaient-ce les chocs répétés sur l'annexe semi coulée qui l'avaient endommagé puis, arraché, était-il tombé au fond sur le lieu du mouillage ? Ou s'était-il décroché alors que Morvarc'h dérivait, ballot par les vagues comme une vulgaire plate ? Impossible de le voir sur les films.

Nous décidons malgré l'incertitude de tenter l'aventure.

« A cœur vaillant rien d'impossible ! » Proclame l'adage et bien faisons-le alors!

Cependant, c'était sans compter sur une météo capricieuse qui viendrait bouleverser nos emplois du temps.

Car non contente d'être froide, l'eau était particulièrement trouble et agitée en ce mois de décembre...

Notre 1er rendez-vous fût donné pendant les vacances scolaires de fin d'année. Malgré un planning bien chargé, nous convenons de nous retrouver le lundi 21 décembre pour une plongée vers 10h30.

Hélas, malgré une accalmie toute relative, le jour du 21 janvier se lève sur un ciel particulièrement gris et nous prenons conscience, une fois sur le site, qu'une petite houle taquine vient rendre un peu « rock & roll » la mise à l'eau. A cela vient s'ajouter une visibilité bien médiocre...

Nous décidons « la mort dans l'âme » de reporter notre prospection de quelques jours, après Noël. Nous disposerions alors de plus de créneaux... Enfin, si la météo ne se montrait pas à nouveau capricieuse !

Après de nombreux aléas d‘agenda, nous planifions un dernier créneau le 1er janvier. Après tout ne commencions nous pas une nouvelle année avec la volonté d'un nouveau départ et de tourner une page?

Nous voilà donc à pieds d'œuvre au petit matin du 1er janvier. Un soleil radieux se lève dans un ciel magnifique. C'est un enchantement de couleurs vives et splendides qui embrasent l'horizon. Alors, malgré une nuit un peu courte et un froid de canards (nous avons dû gratter le givre sur la voiture), nous sommes dans un état d'esprit rayonnant, chargés d'espoir et d'adrénaline...

Nous décidons d'appliquer le plan de plongée convenu quelques jours auparavant (Cf. plan), à savoir :

 

  • partir de la plage qui se trouve derrière le port de pêche

  • longer la jetée côte à côte en restant à vue et en surplombant le fond de quelques mètres, afin de couvrir un plus grand espace du regard par balayage.

  • Arrivés au bout, après s'être retournés et décalés, reprendre la recherche jusqu'à la plage et ainsi de suite.

La difficulté étant qu'une fois notre repère de la jetée perdu, nous risquions de nous retrouver dans le chenal du port... Un étalonnage du temps lors de notre 1er passage devrait nous en préserver...

Nous voilà, accompagnés de Jean et de Bréval, à nous équiper sur le bord de la cale de mise à l'eau, frissonnant avant même de s’être immergés. Mais quel plaisir de pouvoir goûter la morsure de l'eau sur notre visage et de retrouver cette sensation si particulière de l'eau qui vous porte une fois l'équilibre fait. La visibilité sous-marine est à l'image du ciel, claire et bleu. Et ce ne sont pas les restes de pêche qui viennent polluer notre recherche. Ceux-ci disparaissent après quelques mètres effectués.

Notre 1ère passe ne révèle aucun indice et nous faisons surface au bout de la jetée sans résultat.

Nous nous ré-immergeons, effectuons un léger décalage vers l’Est, puis repartons pour notre deuxième passe... sans plus de succès.

Chaque passage est ponctué de faux espoirs, de nombreux bouts de bois à moitié ensevelis se brisent entre nos mains quand nous cherchons à les extirper du sable.

Il nous faut aussi penser à garder un œil l'un sur l'autre, car la distance qui nous sépare jette parfois un voile opaque nous faisant soudain disparaître l'un à l'autre. Et seul un fantomatique filet de bulles ou un léger éclat de lumière, capté par le reflet du soleil sur nos équipements, signale notre présence.

Au troisième passage, je vois Ségalen se débattre au fond et me faire signe de l'attendre. La sangle de sa palme a cassé ! Mais par chance c'est un modèle ancien qu'il suffit de raccourcir et décaler pour remettre en place. Après que Ségalen se soit stabilisée, une rapide manipulation résout le problème et nous repartons.

Au bout de notre 3ème passe, nous trouvons la ligne de mouillage sous-marine. C'est une grosse chaîne qui courre au fond, accrochée à d'énormes blocs de béton, sur laquelle sont fixées les bouées. C'est plutôt de bon augure. Nous craignions qu'elle n'ait été retirée pour l'hiver afin d'en faire l'entretien... et cela nous permet d'espérer retrouver la zone de mouillage du bateau.

Nous remontons plein Est ce fil d’Ariane aquatique chacun d'un côté, écartant légèrement nos distances afin de nous offrir plus de chance. Mais arrivés à son extrémité, il nous faut nous rendre à l'évidence. Nous faisions fausse route et malgré une profondeur vraiment modeste, seulement 5m, notre réserve d'air commence à être sérieusement entamée. Cela faisait déjà plus d'une heure que nous étions à l'eau... nous décidons donc de rentrer.

Nous rebroussons chemin le long de la ligne de mouillage, puis quittant la chaîne nous prenons un cap plein Ouest en direction du feu rouge qui se trouve à l'extrémité de la jetée et marque l'entrée du port.

Un léger courant orienté Sud, comme un aimant nous fait nous décaler vers notre droite et nous oblige à corriger notre cap à plusieurs reprises pour ne pas finir dans le port.

Je repasse le schéma de la plongée dans ma tête et ses points de repères pour essayer, sans trop d'espoir, de me projeter sur nos prochaines recherches : étendre la zone, aller plus loin... venir encore plus nombreux !

Alors balayant le fond d'un regard un peu désabusé et légèrement perdu dans mes pensées, je vois une forme longue et rectangulaire soudain se dessiner sur le sable. Et, au fur et à mesure de notre approche, la voir prendre les contours de plus en plus nets d'un grand bloc de bois de couleur rouge.

Je n'en crois pas mes yeux et j'attends d'être à le toucher pour laisser échapper un juron instantanément transformé en chapelet de bulles. Je me retourne vers Ségalen dont le regard m'offre des yeux immenses, dilatés de joie et de reconnaissance. Mon regard doit être tout aussi expressif.

Nous échangeons un nonchalant coup de poing pour exprimer notre satisfaction, mais nos cœurs battent à fond... nous sommes aux anges !

Je décroche de ma ceinture ma bouée de signalisation pour la fixer sur notre trouvaille puis, après l'avoir soupesé, je fais signe à Ségalen de remonter.

Une fois en surface nous laissons éclater notre joie et échangeons rapidement nos ressentis mutuels. Je regarde autour de nous. Nous sommes environ à 5 m à l'intérieur du chenal et à 25 m du bout de la jetée. Je signale à Ségalen que la pièce est plus lourde qu'il ne semble. Je lui propose de la remonter puis que nous la tractions jusqu'au môle.

Cependant, une fois de nouveau confronté à son poids, je m'aperçois qu'il me faut gonfler mon gilet à fond et palmer pour réussir à l'extirper du fond. En surface, prenant chacun un bout, nous commençons à nous diriger vers la jetée. Mais finalement nous nous gênons mutuellement et après plusieurs coup de palmes, je propose à Ségalen d'emporter seul le fletner et reprend la progression. Ségalen me signale que le bout de ma bouée s'est emmêlé dans son équipement. J'attends un peu, mais le poids du fletner devient de plus en plus lourd à mes bras et m'oblige à avoir la tête dans l'eau, alors je me remets en route. Le bout de la bouée est long et Ségalen devrait avoir terminé de se dégager.

La progression est loin d'être aisée je dois palmer fort pour pouvoir avancer vers mon but, certainement repoussé par le courant et gêné par l'encombrement de mon objet. Je jette un regard de temps en temps à Ségalen que je vois me suivre sur le dos toute proche de ma bouée. Elle a raison, en surface c'est la position la plus confortable pour palmer sans effort et la proximité de ma bouée la guide...

Me voilà enfin arrivé sur l'enrochement. C'est dingue comme cette distance m'a paru longue. Je dépose le fletner sur les blocs de pierres et relève fièrement la tête vers Jean dont je découvre le visage empreint d'inquiétude. Il se met à me crier que Ségalen est en difficulté !

Mon sang se glace, me reviennent immédiatement les recommandations de Josy :

« fait bien attention à ma fille surtout... »

A nouveau un juron m'échappe et je me précipite sur ma binôme de plongée, toujours sur le dos prés de ma bouée...

Arrivé près d'elle, je l'a redresse et me renseigne sur son état.... Elle me regarde penaude et me rassure aussitôt. Tout va bien. Elle n'a pas pu se dégager avant que je ne reparte et s'est faite traîner. Voulant se décrocher quand même et pour me prévenir, elle s'est mise à crier, mais a bu la tasse. Alors elle s'est remise sur le dos pour palmer et a attendu que je cesse de la tracter. Rassuré, je lui propose de rentrer doucement à la plage en longeant la jetée. Je me remets moi aussi en route pour les derniers mètres d'effort, mais sur le dos cette fois avec mon trésor posé sur mon ventre, prenant le mur en main courante.

Je suis accueilli par un Jean rayonnant, rassuré de voir sa fille en bonne santé et un fletner retrouvé. Bréval lui aussi est tout joyeux. C'est une belle chasse au trésor que nous venons de réaliser et la prouesse de notre recherche le remplit de fierté. Il ne cesse d'aller de l'un à l'autre pour nous faire part de ses découvertes et de la nôtre. Nous parlons peu avec Ségalen, un peu abasourdis par 1h20 de plongée, mais nous sommes comblés. Jean m'aide à transporter notre butin jusqu'au sommet de la cale.

Alors que je me change en grelottant, je ne cesse de penser aux conséquences de cette plongée... ce n'est pas juste la satisfaction d'avoir réussi une belle plongée de recherche et de pouvoir la partager. Non, c'est une excellente année qui s'annonce et nous remplit d'espérance. Nous tenons enfin un élément positif. Tous les espoirs nous sont permis !

 

Loïc.

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Commentaires
M
Merci beaucoup Jean-Paul ! Effectivement ce n'est pas très connus, mais le capitaine savait qu'il ne la referait pas et qu'elle était vraiment importante ! Loïc et Ségalen ont relevé un beau pari ;) Maintenant à nous de nous lancer le défis suivant ;)
Répondre
J
Je prends connaissance à l'instant de votre découverte (le fletner du Morvac'h) félicitations à Segalen et Loïc les heureux découvreurs de la pièce qui vous tenait à coeur, il a quand même fallut que j'aille sur wikipedia pour connaître son utilité !<br /> <br /> Jean Paul.
Répondre
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